DEFENSE ET SOUTIEN AUX ROMS DE PASSAGE A GENEVE
Résumé de la lettre envoyée à M. Berset par la Société pour les peuples menacés suite à sa lettre du 11 avril 2014 et afin de reprendre le processus de façon à trouver des solutions suite à la séance avortée du 13 novembre 2014 du groupe d'accompagnement.
1. Composition paritaire du groupe de travail.
La connaissance des Yéniches, Sinti et Roms est malheureusement limitée auprès des autorités de tous les niveaux. La confusion entre mode de vie et appartenance ethnique, ainsi que l'acceptation de stéréotypes et d'approches globalisantes appartenant au quotidien, il est d'autant plus important que le groupe de travail – un organe politique central – soit composé paritairement et englobe tous les groupes concernés. En outre, la compétence qualifiée des représentant-e-s des autorités mais aussi celle des ONG spécialisées et des représentant-e-s des minorités devrait mener à de prompts et efficaces résultats.
2. Terminologie
En lien avec la convention cadre européenne pour la protection des minorités nationales, le groupe des « gens du voyages » est officiellement reconnu depuis 1998 comme minorité nationale et ce terme est valable comme concept arrêté auprès de l'administration fédérale. Cette désignation ne rend cependant pas justice à la réalité des minorités concernées car il s'agit d'un amalgame entre style de vie et appartenance ethnique. 35 000 Yéniches vivent en Suisse parmi lesquels 3000-5000 sont des « gens du voyage ». A cela s'ajoutent quelque cent Sinti qui ont pour la plupart style de vie itinérant. De plus, il est supposé que 80-100 000 Roms vivent en Suisse. Ils sont bien intégrés en Suisse. Les Roms ont une culture et une langue propre, la grande majorité d'entre eux n'est pas et n'a jamais été des gens du voyage. Il existe des Roms itinérants, surtout en provenance des pays étrangers proches, mais ils représentent une petite minorité de la minorité rom en Suisse. Nous sommes d'avis qu'au lieu d'ethniser des modes de vie, nous devrions considérer les Yéniches, Sinti et Roms comme minorités ethniques, linguistiques et culturelles qui ont des besoins à la fois communs et différents.
3. Reconnaissance
L'assemblée de la Confédération a signé en 1998 la convention cadre du Conseil de l'Europe pour la protection des minorités nationales avec la précision suivante: « sont reconnus en Suisse comme minorités nationales les groupes dont les membres possèdent la nationalité suisse, entretiennent des liens anciens, solides et durables et partagent ensemble ce qui fait leur identité, en particulier leur culture, leurs traditions, leur religion ou leur langue ».
C'est une définition à laquelle les Yéniches ont eu recours et qui a été reconnue par le Conseil fédéral. Cependant, cette précision doit aussi englober les Sinti et les Roms, car, déjà en 1471, on trouve mention « qu'à partir de là, on ne doit ni loger ni héberger les gitans ».
Malgré tous les projets proposés par les autorités (interdiction d'entrée dans le pays jusqu'en 1973 par exemple) , les Sinti et Roms n'ont certes pas pu acquérir la nationalité pendant ces 600 ans , mais ils ont démontré par leur présence continue en Suisse un lien solide et durable au pays, ce qui peut justifier la revendication au statut de minorité nationale, et ce aussi dans le sens d'une réparation pour les injustices commises pendant des siècles.
Calendrier.
Le calendrier et plan de travail proposé sont vus comme trop long, en particulier pour les représentant(e)s des groupes yéniches, sintis et manouches.
Lors des dernières années, de nombreux emplacements et aires de passage ont été fermés en Suisse. Ceux-ci n'ont pour la plupart pas été remplacés. Grâce à l'occupation de la « kleinen Allmend » d'avril 2014 par des représentants du mouvement Schweizer Reisender, cette problématique a enfin aussi pris corps sur le plan politique et quelques solutions provisoires ont été créées entretemps.
Cependant, la situation pour 2015 demeure toujours précaire et insatisfaisante pour les personnes concernées. Le calendrier et la façon de procéder proposés par la BAK ne rendent pas justice au besoin urgent de création d'aires de passage et d'emplacements et devraient être remaniés.
Promotion à la culture des peuples minoritaires
Le plan de travail proposé par la BAK se concentre avant tout sur le manque d'aires de passage et d'emplacements ainsi que sur des aspects d'assistance sociale et d'accès à la formation. Les demandes face à la culture et la langue des Yéniches, Sinti et Roms -mission centrale propre de la BAK– ainsi que le combat contre l'antitsiganisme - ne sont pris en compte que de façon limitée. Ici aussi des adaptations urgentes devraient être entreprises.
Le 3 juillet 2014, la directrice du BAK, Isabelle Chassot, a précisé dans sa réponse à la résolution du FUEV pour la reconnaissance du peuple yéniche que la Suisse reconnaît les Yéniches comme minorité nationale depuis 1995. En réponse à différentes attaques du Conseil national, il a été souligné plusieurs fois par le Conseil fédéral que les mesures d'encouragement de la Confédération sous le titre de « soutien aux gens du voyage » valaient toujours dans la même proportion pour les minorités itinérantes en Suisse (en particulier pour les Yéniches mais aussi pour les Sinti et Manouches) comme pour les parties sédentaires de ces minorités.
L'histoire de la culture des Yéniches, Sinti et Roms en Suisse devrait être mise à jour afin que non seulement l'histoire de la persécution puisse être représentée mais aussi que la place des minorités dans la société multiculturelle du 21e siècle puisse être assurée.
Lien vers la lettre originale en pdf
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